Fontaine de Barenton

     La fontaine de Barenton résume parfaitement la magie de Brocéliande, il faut pour trouver cette fontaine, s'enfoncer au coeur de la forêt, aprés s'être perdu plusieurs fois par des chemins tout sauf réctiligne à travers les pins les landes les ajoncs et les taillis, pour enfin la découvir, là plantée tout simplement au milieu d'une clairière. Vous l'aurez compris, la recherche de la fontaine de Barenton reste une quête. Une fois la quête terminée, il faut s'émerveiller, comment une si simple fontaine a pu traverser les âges et marquer autant l'imaginaire des hommes et encore aujourd'hui déclencher leur ferveur.
     La fontaine de Barenton a un lourd passé ou histoire et légende se mélent, on dit que ses eaux sont curative et qu'elles ont le pouvoir de guérir les maladies chroniques et il fut même question en 1931 d' établir un sanatorium antituberculeux, tout près de celle-ci à Mare Forêt. Elle fut un sanctuaire de la religion celtique, les druides y avaient installé une école et un hôpital et y célébraient leur culte voué au dieu solaire Bélénos, dieu de la foudre et des sources, grand dieu guérisseur, le nom de la fontaine dans les textes féodeaux est d'ailleurs, Balenton ou Beleton, noms qui se rapprochent par sa consonance du nom du Dieu.
     On dit aussi que c'est là que Merlin rencontra Vivivane pour la première fois et que naquit leur amour et c'est là aussi que Chrétien de Troyes situe l'action de son roman "Le Chevalier au lion".
     Il semble que le site fut christianisé après le départ des druides, par la construction d'une chapelle à côté de la fontaine, la disparition de cette chapelle semble être consécutive à la venue dans la région d'un personnage étrange,
Eon de l'étoile, au XIIesiècle.
     Enfin Barenton est, depuis Chrétien de Troyes et par les romanciers du XVesiècle, le site où l'eau puisée à la fontaine et versée sur la pierre appelée "Le Perron de Merlin", déclenche dans l'heure la tempête et les orages indescriptibles proches du cataclysme dernier. La légende se transforma en croyance populaire, amenant des générations succesives à se rendre à des processions pour demander la pluie.

 

Eon de l'Etoile

     Originaire de Loudéac et issu de la noblesse bretonne, Eon, petit moine à peine lettré, fut envoyé par le seigneur de Gaël au couvent du Moinet, près de la chapelle Saint-Mathurin sur le site de Barenton, pour éradiquer sans doute les pratiques païennes, druidiques, qui s'opéraient encore dans ce coin reculé de la forêt au XII esiècle.
     Peut-être vexé par une mutation dans un lieu aussi perdu, admirant sûrement les premiers chrétiens celtiques (aux moeurs plus justes et moins relâchées que l'Eglise romaine), et vivant dans une époque de famine, Eon, révolté et mystique, se mit à partir de 1145 à piller monastères, châteaux et confortables demeures du clergé. Se proclamant fils de Dieu et Grand Juge des vivants et des morts à la tête de "brigands" exclus de la société, il fit des adeptes jusqu'en Gascogne, redistribuant une partie des richesses et de la nourriture aux pauvres. Voyant d'un mauvais oeil cet "apôtre du communisme médiéval breton", l'évêque de Saint-Malo fit arrêter Eon, et le traduisit en concile à Epernay devant le pape Eugène III, en 1148. Jugé plus fou qu' hérétique, il échappa ainsi au bûcher mais pas au cachot, où il mourut peu de temps après à Saint-Denis.
Retour

menu detail carte