Originaire de Loudéac et issu de la noblesse bretonne,
Eon, petit moine à peine lettré, fut envoyé par le seigneur de
Gaël au couvent du Moinet, près de la chapelle Saint-Mathurin sur le site de
Barenton, pour éradiquer sans doute les pratiques païennes, druidiques, qui
s'opéraient encore dans ce coin reculé de la forêt au XII
esiècle.
Peut-être vexé par une mutation dans un lieu
aussi perdu, admirant sûrement les premiers chrétiens celtiques (aux moeurs
plus justes et moins relâchées que l'Eglise romaine), et vivant dans une
époque de famine, Eon, révolté et mystique, se mit à partir
de 1145 à piller monastères, châteaux et confortables demeures du
clergé. Se proclamant fils de Dieu et Grand Juge des vivants et des morts à
la tête de "brigands" exclus de la société, il fit des adeptes
jusqu'en Gascogne, redistribuant une partie des richesses et de la nourriture aux pauvres.
Voyant d'un mauvais oeil cet "apôtre du communisme médiéval breton",
l'évêque de Saint-Malo fit arrêter Eon, et le traduisit en concile à
Epernay devant le pape Eugène III, en 1148. Jugé plus fou qu'
hérétique, il échappa ainsi au bûcher mais pas au cachot, où
il mourut peu de temps après à Saint-Denis.
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